GRÈS

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GRÈS

Les grès (de la racine indo-européenne gr : bruit d’une pierre qu’on désagrège en menus morceaux durs) sont des roches sédimentaires détritiques provenant de la consolidation d’un sable, généralement quartzeux, par un ciment naturel. Les éléments des grès appartiennent à la classe granulométrique des arénites (de 2 mm à 0,05 mm); en dessous de cette dimension, on a des lutites, encore appelées pélites. On peut différencier les grès d’après la nature des éléments détritiques – grès quartzeux, micacés, glauconieux, coquilliers... –; la nature du ciment – grès siliceux, calcaires, ferrugineux... –; leur degré de cohésion – grès «tendres» qui s’effritent facilement (grès «pouf» des carriers), grès moyens (grès «paf»), grès durs, sonores sous le choc (grès «pif») –; d’après leur origine – pédologique, tectonique... Les nombreuses classifications qui ont été proposées pour les roches gréseuses (L. Cayeux, F. J. Pettijohn, etc.), et qui ne seront pas décrites ici, font intervenir, soit séparément, soit conjointement, la plupart de ces caractères.

Les grès sont des roches relativement résistantes, ce qui explique les formes tabulaires, arrondies ou chaotiques auxquelles ils donnent lieu dans la nature et les divers usages qu’ils connaissent, traditionnellement.

Nature des éléments grossiers

Les grès quartzeux sont les plus répandus dans toute l’échelle stratigraphique, depuis le Précambrien jusqu’au Quaternaire: grès armoricain (Ordovicien), grès de Fontainebleau (Stampien), etc. Les grès feldspathiques contiennent de 5 à 25 p. 100 de feldspath et les grès arkosiques plus de 25 p. 100; les grès glauconieux renferment souvent, outre des grains de glauconie, de gros nodules ou «coquins» de phosphate de chaux (Crétacé moyen de l’Argonne). Les grès micacés sont riches en mica blanc (muscovite). Lorsque les lamelles sont disposées en couches, c’est une psammite , comme celles du Condroz, dans le Dévonien des Ardennes. L’itacolumite est un grès quartzeux, dont les grains sont engrenés de telle manière que la roche est flexible; c’est une curiosité pétrographique (Indes, Brésil). Les grès oolithiques renferment, outre du quartz, une proportion appréciable d’oolithes ferrugineuses ou d’une autre nature, parfois déformées.

Les grès coquilliers sont riches en fossiles; certains sont de véritables biocalcaréniques comme les grès calcaires de l’Auversien qui peuvent contenir jusqu’à 600 Nummulites variolarius par gramme de roche. Il existe aussi des grès gypseux, dans le Ludien du bassin de Paris, où les cristaux de gypse, plus ou moins arrondis, ont été cimentés par du gypse de nouvelle formation.

Les minéraux lourds sont présents dans les grès comme dans les sables originels. C’est ainsi que les grès sparnaciens, dans le sud du bassin de Paris, riches en rutile (TiO2), sont appelés titanifères.

Nature du ciment (ou matrice)

Beaucoup de grès quartzeux sont à ciment siliceux (calcédoine). Lorsque la silice interstitielle a nourri les grains de quartz jusqu’à former des cristaux jointifs, dans lesquels apparaissent les fantômes des grains originels, on a un grès quartzite , qui peut être d’origine sédimentaire (grès quartzite de Fontainebleau) ou métamorphique. Les grès quartzites sont des roches très dures, à cassure luisante, esquilleuse et conchoïdale.

Les grès à ciment d’opale et à spicules d’éponge (spongolites) forment les gaizes (Cénomanien de l’Argonne, du Berry, du pays de Bray). Les grès rouges à ciment ferrugineux sont très répandus dans le Dévonien (Vieux Grès rouges) et le Permo-Trias (Nouveaux Grès rouges). Leur coloration n’est pas due à un climat désertique, mais à un climat chaud et humide à saisons alternantes, associé à une tectonique vivante qui favorisait l’érosion avant que l’altération des feldspaths ne soit totale, comme sur les aires stables.

D’autre part, il faut noter que les grès quartzites ferrugineux rubanés (banded iron ) du Précambrien ont été les témoins de l’oxygénation de l’hydrosphère (fonction chlorophyllienne des algues bleues apparue vers 漣 3 000 millions d’années), tandis que les grès rouges continentaux marquent le passage à l’atmosphère oxygénée. Ce phénomène s’amorce vers 漣 1 800 millions d’années et atteint son apogée au Dénovien et au Permo-Trias jusqu’à oxydation quasi totale du fer continental.

Les grès à ciment calcaire sont répandus dans le Lias inférieur (grès du Luxembourg) et à la base du Lutétien (glauconie grossière). Les molasses (cf. infra ) qui se déposent au voisinage des chaînes de montagne appartiennent à cette catégorie.

Parfois, le ciment peut être bitumineux (Pechelbronn), argileux (grès du Houiller) ou ferro-humifère (alios ). Outre les grès à ciment gypseux déjà mentionnés, il existe, dans le Trias d’Hassi R’Mel au Sahara, des grès à ciment d’anhydrite.

Relations entre les formations gréseuses et la tectonique

Le plus souvent, le sable cimenté qui constitue les grès provient de la destruction de roches magmatiques ou métamorphiques, ou encore de la reprise de sables ou de grès préexistants. L’orogenèse est génératrice de formations gréseuses: on distingue ainsi le flysch, grès anté- ou syntectonique, de la molasse, grès postorogénique.

La molasse (terme suisse: roche servant à faire des meules) ou mollasse (sédiment mou) est un complexe sédimentaire formé par une succession de séquences dans chacune desquelles la dimension des grains diminue du bas vers le haut (granodécroissance). Pétrographiquement, il s’agit généralement d’un grès quartzeux à ciment calcaire, tendre, renfermant des coquilles de Mollusques et des tests de Bryozoaires, accompagnés d’argiles, de marnes, de lignite, de glauconie ou de quartz. C’est, dans les Alpes, une formation d’eaux douces ou marines, oligocène supérieure à miocène, pouvant atteindre une puissance de 5 000 à 8 000 m sur le plateau suisse, où elle s’étend en s’amincissant jusqu’au pied du Jura.

Le terme «molasse» a parfois été attribué abusivement à certaines roches: ainsi, la «molasse d’Étréchy», à la base des sables stampiens dans la région d’Étampes est en réalité un calcaire grossier.

Le flysch (mot dialectal de Suisse alémanique: roche qui s’émiette; même racine que fliessen , couler) est aussi un complexe sédimentaire présentant une succession de séquences où alternent les grès ou conglomérats, les marnes schisteuses, les marno-calcaires avec de rares traces organiques. Ils sont plus schisteux et moins marneux que les molasses, mais, dans les cas limites, il n’est pas commode de faire la distinction. De toute façon, la distinction du flysch et de la molasse est souvent délicate sur échantillon. Ces termes ont un contenu géographique et traditionnel qu’il faut saisir sur le terrain. Le mot «flysch» est un terme suisse pris dans le langage courant. Mais, dans les Alpes, le flysch noir, éocène, essentiellement calcaire, est très différent du flysch à Helminthoïdes (pistes de Vers?), schisto-gréseux, du Crétacé supérieur. Au voisinage de Château-Queyras, les schistes lustrés ont localement un faciès «flysch», comme, par ailleurs, les marno-calcaires sénoniens du synclinal du Beausset qualifiés parfois de «flyschoïdes».

Le critère génétique n’est pas non plus déterminant, car les molasses peuvent être lacustres, deltaïques ou marines, et les flyschs, autrefois universellement considérés comme profonds – et dus à des courants de turbidité, d’où le nom de turbidites qui leur est attribué par les auteurs modernes partisans de cette origine –, se révèlent être, dans certains cas, des dépôts néritiques. L’étude sédimentologique de ces dépôts est en plein essor et a déjà apporté d’importants enseignements.

Les flyschs sont très répandus dans les chaînes alpines en bordure des géosynclinaux: Alpes, Hellénides, Atlas. On peut leur rapporter aussi les faciès culm des chaînes hercyniennes.

Les grauwackes sont constituées de matériaux détritiques remaniés, de couleur gris foncé ou noirâtre (d’où leur nom), à matrice pélitique et chloriteuse. Les plus typiques contiennent des projections volcaniques fines. Elles sont l’indice d’une tectonique active. Bien représentées dans les faciès culm des chaînes hercyniennes (Vosges, Europe centrale), elles correspondent à certains flyschs des chaînes alpines, et on peut en rapprocher, par leur origine, les grès qui couronnent les formations éocènes dans les Alpes. Ces grès contiennent des éléments de projections volcaniques dont la granulométrie est beaucoup plus grossière: grès d’Annot (Alpes méridionales), du Champsaur (Dauphiné), de Taveyannaz (Savoie et Suisse).

Le macigno des géologues italiens est un grès calcaropélitique, plus fin que la molasse, très répandu dans les Apennins. On y observe une alternance de petits lits de grès calcaires et de grès pélitique, sur de grandes épaisseurs.

Grésifications

Certaines grésifications ont une origine pédologique: la cimentation est due à la précipitation des composés humiques et ferreux: grès des paléosols de l’Éocène du bassin de Paris, alios des Landes. D’autres sont dues à la précipitation de la silice dissoute dans la nappe phréatique: grésification des pays tropicaux, grésification de sables dunaires (grès de Fontainebleau).

Les grès de plage (beach-rocks ), à ciment d’aragonite, se forment en climat chaud par précipitation de CaC3 au contact entre les nappes d’eau douce et d’eau salée: l’apport du Ca2+ de l’eau de mer provoque la chute de la réserve alcaline de l’eau douce.

La présence d’oxyde de fer favorise sans nul doute la grésification (grès rouges); il en est de même des minéraux argileux des arènes granitiques qui se cimentent en arkoses. De façon générale, la proportion de grès par rapport au sable resté meuble augmente au fur et à mesure qu’on s’éloigne des temps présents, sans que les conditions précises de cette diagenèse soient parfaitement connues.

Altération et morphologie

Les grès quartzeux à ciment siliceux sont quasi inaltérables. C’est pourquoi ils apparaissent souvent en relief au milieu d’autres roches plus tendres ou solubles (schistes, calcaires). Il peut en résulter une inversion de relief: grès armoricains d’Alençon à Mortain. Ils forment en général des croupes plus ou moins arrondies (mont Donon en grès vosgien) ou des plateaux parfaitement tabulaires: grès ordoviciens au Sahara, grès triasiques en Allemagne moyenne.

Le long des versants ou des abrupts, les diaclases favorisent le débitage de grands pans de roche aux parois subverticales. Avant de s’effondrer, les blocs diaclasés donnent parfois des piliers ou des pinacles: cap Fréhel, «Suisse normande» (moyenne vallée de l’Orne), «Suisse saxonne» traversée par l’Elbe (Saxe du Sud).

Sous l’action des agents atmosphériques (humidité, gaz carbonique, bactéries), certains grès s’alvéolisent, formant des taffonis ou même des abris-sous-roche (grès turoniens d’Ollioules au nord de Toulon). Au pied de falaises maritimes ou fluviatiles, de grandes cavités peuvent se développer (couloirs, grottes) comme à Morgat dans le Finistère.

Enfin, les grès dégagés du sable encaissant peuvent édifier de pittoresques chaos (Fontainebleau), où la plupart des cavités ne sont pas dues à l’érosion, mais bien aux irrégularités de la grésification originelle.

Usage des grès

Les grès sont exploités localement comme pierre de construction: la cathédrale de Strasbourg et celle de Bâle sont en grès rose des Vosges, la cathédrale du Mans en grès roussard cénomanien, l’église d’Arcachon en alios, etc.

Depuis les temps les plus reculés, les grès ont été utilisés pour le pavage des rues et des routes. Mais les pavés de grès s’usent en arrondissant les arêtes et demeurent glissants: on leur préfère le granite, plus rugueux et plus facile à tailler. Certains grès ont connu également un emploi comme pierre à meule.

Enfin, les grès poreux sont d’excellentes roches magasins pour les hydrocarbures, pétrole et gaz: grès cambriens, dévoniens, carbonifères et triasiques au Sahara, grès oligocènes à Pechelbronn et Scheibenhard en Alsace.

grès [ grɛ ] n. m.
• v. 1223; « bloc de pierre » 1175; frq. °greot « gravier »
1Roche sédimentaire formée de nombreux petits éléments unis par un ciment de nature variable. Grès siliceux, calcaires, ferrugineux (grès rouge des Vosges), gypseux, argileux. alios, molasse, psammite, quartzite. Carrière de grès (GRÉSIÈRE n. f. ). « Des grès de teinte grise, entremêlés [...] de bruyères » (Nerval). Pavé, moellon de grès. Poudre de grès utilisée pour poncer.
2(1330) Terre glaise mêlée de sable fin dont on fait des poteries. Pot, pichet de grès. Grès cérame. Service de table en grès. Grès flammé, flambé.
⊗ HOM. Gray.

grès nom masculin (peut-être latin populaire gredius, brut) Un des deux produits essentiels constituant la fibre de soie, formé de séricine. ● grès (homonymes) nom masculin (peut-être latin populaire gredius, brut) gray nom masculin gré nom masculin grée forme conjuguée du verbe gréer gréent forme conjuguée du verbe gréer grées forme conjuguée du verbe gréergrès nom masculin (francique greot, gravier) Roche sédimentaire siliceuse résultant de la cimentation naturelle d'un sable, et où les grains de quartz sont dominants, utilisée dans la construction, l'empierrement et le pavage des routes et, lorsqu'il est très fin, comme pierre à aiguiser. Céramique à pâte silico-argileuse, opaque, dure, capable de supporter une haute température de cuisson (1 200-1 400 °C) qui la vitrifie partiellement et la rend imperméable aux liquides ; objet fabriqué dans ce matériau. Canine supérieure du sanglier. (Les canines inférieures sont appelées défenses chez le mâle et crochets chez la laie.) ● grès (expressions) nom masculin (francique greot, gravier) Grès de plage, grès résultant de la cimentation, par du calcaire, des sables de plage, le plus souvent sur les grèves des rivages tropicaux. Grès rouge, sédiment de couleur rouge d'origine continentale, à faciès lacustre, déposé sous climat aride, en bordure d'un continent septentrional au cours du dévonien (vieux grès rouge), puis du permien (nouveau grès rouge). Grès vosgien, base de la partie inférieure du trias de l'est de la France, très utilisé en construction. ● grès (homonymes) nom masculin (francique greot, gravier) gray nom masculin gré nom masculin grée forme conjuguée du verbe gréer gréent forme conjuguée du verbe gréer grées forme conjuguée du verbe gréer

grès
n. m.
d1./d PETROG Roche détritique formée de grains de nature variable (quartz, feldspath, calcaire, etc.) agglomérés par un ciment siliceux, calcaire, ferrugineux, etc. (Friables ou très durs, les grès sont utilisés comme meules, pavés, matériau de construction.)
d2./d Céramique dure à base d'argile et d'un élément siliceux. Grès flammé, coloré au feu par des oxydes métalliques. Grès cérame.

I.
⇒GRÈS1, subst. masc.
A. — MINÉR. Roche sédimentaire d'origine détritique, formée de grains agglomérés par un ciment naturel siliceux, calcaire ou ferrugineux, donnant un ensemble à la dureté et à la cohésion variable, mais généralement assez dur et compact, utilisé notamment comme matériau de construction, de pavage, comme pierre à aiguiser. Grès rose, rouge, bigarré; grès stampien, dévonien; grès de Champagne, de Bavière, des Pyrénées, des Vosges; grès de taille; auge de grès, moellon, pavé, pierre de grès; grès d'aiguisage. Les grès sont des roches formées de grains de sable agrégés et fortement unis entre eux. On en fait des pierres de taille, des meules, des plaques minces pour filtrer les eaux (A. PÉRÈS, Pierres et roches, 1896, p. 17) :
1. Pour caractériser ces diverses roches, il s'ajoute à la variété de nature des grains ou fragments, comme dans les roches meubles, la nature du ciment et le degré de cohésion. Si bien qu'il existe par exemple, suivant la nature des constituants, des grès quartzeux, micacés (...), suivant la nature du ciment, des grès siliceux, calcaires, ferrugineux..., suivant leur degré de cohésion, des grès « tendres », (...) des grès « moyens », (...) des grès durs.
P. BELLAIR, Ch. POMEROL, Élém. de géol., Paris, Armand Colin, 1965, p. 127.
Poudre, sable de grès, p. ell. grès. Grès réduit en poudre fine servant à poncer, polir, découper certains matériaux : pierre, verre, métal. Lecouvreur frotte au grès le zinc du comptoir, rince les verres, les essuie méticuleusement, les aligne sur les étagères (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 52).
B. — P. anal., POT. Grès ou grès cérame. Terre argileuse mêlée de silice dont on fait par façonnage et cuisson des poteries utilitaires ou décoratives très résistantes. Grès émaillé, flammé. La kaolinisation des granites riches en micas a donné les terres à grès (LARCHEVÊQUE, Fabric. industr. porcel., 1898, p. 30). La pâte des grès (dits aussi « grès cérames ») est composée d'argile et de sable. Soumise à une forte cuisson (...), elle subit une vitrification qui, en la laissant opaque, lui donne une dureté et une sonorité remarquables (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 7).
Subst. + de grès, subst. + en grès, et p. ell. du subst. un/des grès. Objet façonné à partir de cette terre. Sur la tablette de la haute cheminée, l'aubergiste avait disposé un grand nombre de pots et de cruches en grès et faïence (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 48). Puis le soleil gagna la salle à manger; il effleura l'entrée de la cuisine; il y entra. Il se posa sur les géraniums dans leur pot de grès (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 123) :
2. Je ne suis rien, disait-il, qu'un peintre de pots, de soupières et d'assiettes, qu'on traite dédaigneusement de nature morte. Oh! que non, ce n'est pas de la nature morte, quand on vit, comme moi, au milieu des grès et de la faïence...
CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 32.
C. — SÉRICICULTURE. ,,Couche gommeuse recouvrant les fils soyeux sécrétés par les chenilles`` (SÉGUY 1967). Soie complètement débarrassée de son grès (manchon entourant le fil de soie pure et qui est soluble dans de l'eau savonneuse bouillante) (J. COULON, Technol. gén. modiste, 1951, p. 38).
REM. 1. [Correspond à A supra] a) Grésage, subst. masc. Action de polir à l'aide d'une meule ou de poudre de grès. On peut faire suivre le lavage sur les pierres dures par un grésage, ou frottage au sable (Arts et litt., 1935, p. 2006). b) Gréser, verbe trans. Polir à l'aide d'une meule ou de poudre de grès. (Dict. XIXe et XXe s.). Gréser des pavés, des carreaux moulés (Lar. 19e). 2. Grès, ou grés, subst. masc., homon., arg., vx. Cheval. M. Vidocq appelle un cheval grès, c'est encore un mot bohémien (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 81).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1176-81 « bloc de pierre » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 837); b) ca 1223 « roche sédimentaire formée de nombreux petits éléments unis par un ciment naturel » (G. DE COINCI, éd. V.F. Kœnig, II Mir. 24, 491, ici au fig.); 2. 1557 « terre glaise mêlée de sable fin dont on fait des poteries » (Doc. ap. L. DESCHAMPS DE PAS, Inventaire des ornements, reliquaires de l'église collégiale de Saint-Omer, 10). De l'a. b. frq. greot « gravier, sable », cf. le m. néerl. griet « sable grossier, gravier », a. h. all. griez « sable ». Fréq. abs. littér. : 329. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 398, b) 1079; XXe s. : a) 346, b) 272. Bbg. QUEM. DDL t. 4. - SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 154, 157.
II.
⇒GRÈS2, GRAIS, subst. masc.
CHASSE. Chacune des deux canines (très développées) de la mâchoire supérieure du sanglier mâle, contre lesquelles s'aiguisent les défenses (canines inférieures). Le boutoir invisible tantôt faisait claqueter ses dents [du sanglier], tantôt entrefroissait ses défenses courbes et ses grais avec un grincement d'aiguisoir (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p. 149). Lorsque les grès sont absents ou ne remplissent pas leur office, les défenses poussent dangereusement et se retournent même parfois pour arriver à pénétrer dans les chairs de la bête (R. PALOC, La Chasse, Paris, Hatier, 1979, p. 127).
Prononc. et Orth. : []. Sens partic. de grès1. Mêmes var. gray, grais considérées comme vieillies par les dict. du XIXe s. qui renvoient gén. à grès (cf. BAUDR. Chasses 1834, GATTEL 1841, BESCH. 1845). LITTRÉ n'enregistre que grès. Étymol. et Hist. 1573 grecs « dents sur lesquelles s'aiguisent les défenses du sanglier » (DUPUYS); 1680 grez (RICH.); 1690 grés (FUR.); 1834 grais (BAUDR.). Spécialisation de sens et var. graphique de grès à cause de l'usage de pierre à aiguiser de cette roche (cf. aussi grais « meule de grès » ds SAVARY d'apr. FEW t. 16, p. 57a). Bbg. LENOBLE-PINSON (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, passim.

grès [gʀɛ] n. m. invar.
ÉTYM. V. 1223; « bloc de pierre », 1175; du francique greot « gravier ».
1 Roche sédimentaire formée de nombreux petits éléments unis par un ciment de nature variable (siliceux, calcaire, etc.). || Les grès, roches détritiques cohérentes, à éléments plus petits que les conglomérats. || Grès siliceux, calcaires, ferrugineux (grès rouge des Vosges), glauconieux (renfermant des nodules de phosphate de chaux), gypseux, bitumineux. || Grès feldspathique (arkose), grès brun à ciment ferrugineux (allios), grès micacé (psammite). || Grès lustrés, à cassure luisante. || Les quartzites, grès lustrés siliceux très durs et cohérents, peuvent être d'origine sédimentaire ou métamorphique. || Les tufs peuvent être rattachés au groupe des grès. || Grès calcaires tendres entrant dans la constitution des mollasses. || Grès roussard, grès bigarré. || Carrière de grès. Grésière. || Le grès est réfractaire au feu (→ Argile, cit. 1).Le grès est utilisé pour le pavage, la construction. || Pavé, moellon de grès. || Meule, poudre de grès, utilisées pour poncer. Gréser.
1 Le grès que les ouvriers appellent grisard est si dur et si difficile à travailler, qu'ils le rebutent même pour n'en faire que des pavés (…)
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Du grès.
2 De là l'on distingue toute la vallée, coupée d'étangs et de rivières, avec les longs espaces dénudés qu'on appelle le Désert d'Ermenonville, et qui n'offrent que des grès de teinte grise, entremêlés de pins maigres et de bruyères.
Nerval, les Filles du feu, « Angélique », X.
3 On désigne sous le nom de sables celles (les roches psammitiques) dont les éléments ne sont pas agrégés; sous le nom de grès, celles dont les particules intégrantes sont réunies par un ciment quelconque.
Émile Haug, Traité de géologie, t. I, p. 108.
4 Les grès résistent bien à l'érosion et constituent souvent l'ossature du relief des régions sableuses (forêt de Fontainebleau) […] Les grès siliceux à grain fin et les quartzites sont certainement les roches les plus résistantes à l'érosion et à toute altération (…) Par contre les grès calcaires, les molasses, et les grès à grain grossier résistent mal et présentent des formes molles.
Charles Pomerol et Robert Fouet, les Roches sédimentaires, p. 124-125.
Poudre de grès (abrasif). || Frotter un métal au grès.
tableau Classes de roches.
2 a (1330). Terre glaise mêlée de sable fin, et dont on fait des poteries. || Vases, cornues, chopes, creusets en grès. || Pichet, pot de grès.Grès flammé ou flambé : poterie ornementale recouverte d'une couche irrégulière d'oxydes de fer qui prennent à la cuisson la forme de flammes.
Loc. || Grès cérame (même sens).
b Un, des grès : objet, poterie de grès. || Une belle collection de grès anciens.
3 (1866). Techn. Matière agglutinante retenant les filaments collés entre eux, et que l'on détruit par le décrusage afin de permettre le dévidage du cocon.
DÉR. Gréser, gréserie, gréseux, grésière, gresserie. — V. Groinson, groisil, groize.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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